UN SIÈCLE DE 8 ANS*
Vous avez 17 ans ? Alors pour vous, le XXe siècle représente «l’ancien temps», celui de vos parents. Peut-être est-il aussi synonyme de guerres atroces, de ravages éhontés infligés à la planète. Vous en avez 32 ? Ce XXIe siècle est déjà le vôtre. Celui de vos projets et de vos enfants. Celui, aussi, qui succède au siècle de tant d’écrivains que vous ne cesserez jamais de lire. À 65 ans, XXe ou XXIe : aucune importance. L’histoire se répète.
Avec Roland Bourneuf, la rubrique des «Écrivains méconnus du XXe siècle» se transforme – déjà ? – en «Écrivains méconnus du XXIe siècle». L’auteur de Pierres de touche présente Jean-Loup Trassard, intrigant créateur et sympathique «homme de la terre». Indifférent aux modes littéraires, Trassard poursuit une Suvre absente de la scène médiatique. «Écrire devient le geste d’écarter des branchages pour voir.»
L’Amérique latine se révèle à nous, notamment à travers deux grands essais : L’invention de l’Amérique d’Edmundo O’Gorman et L’Amérique latine au XXIe siècle de Néstor García Canclini. Dans «L’avenir d’un passé incertain. Perspectives pour l’Amérique latine», Michel Nareau nous guide à travers un passé à réinterpréter et un futur à ouvrir.
Nous avons tant aimé la Diane du Déclin de l’Empire américain et des Invasions barbares, sans parler des nombreux autres personnages qu’elle nous a donnés, que nous pensons bien la connaître. Mais savons-nous que Louise Portal a publié près d’une dizaine de livres ? Pierrette Boivin les a lus ; elle rend compte d’une Suvre marquée par la quête de soi et de l’amour.
Figure exceptionnelle de la littérature autrichienne : Thomas Bernhard. Dans ses Récits 1971-1982 se dévoilent, entre autres, une Autriche qui ne sort pas sans taches de la période nazie ainsi que l’histoire personnelle de l’auteur. Pour Judy Quinn, «il fait bon entendre de la bouche d’un misanthrope dépressif la raison qu’il trouve à vivre».
Judy Quinn présente aussi La poésie québécoise, Des origines à nos jours que les anthologistes Laurent Mailhot et Pierre Nepveu ont mise à jour et grandement augmentée. Disparus, quelques auteurs, ajoutées les étoiles qui montent, reconnue la vitalité des créateurs. La notion de «poésie québécoise s’est élargie depuis les années 1980 ».
La Révolution tranquille fait encore couler beaucoup d’encre, et de la meilleure. Laurent Laplante commente Les origines catholiques de la Révolution tranquille de Michael Gauvreau qui livre «un éclairage aussi intense que fécond» sur cette drôle de révolution. Le même Laurent Laplante se réjouit par ailleurs «d’entendre […] saluer l’accession du Québec à la laïcité et l’apparition d’un programme scolaire préparant les jeunes à un pluralisme éclairé» dans Pour un nouvel humanisme de Jacques Grand’Maison, intellectuel dont le parcours «vaut d’entrée de jeu une lecture respectueuse».
Retour sur l’Suvre d’Arthur Koestler avec «Les prisons de l’histoire» que signe Gilles Côté. L’observateur sans pareil du XXe siècle que fut Koestler écrira : «Je suis né au moment où le soleil se couchait sur l’âge de la raison».
De la lecture, François Hébert offre à Nuit blanche une vision bien à lui : toute une expérience ! Son «Livre jamais lu», Le discours aux animaux de Valère Novarina, a tout pour nous retenir. Réviseurs, s’abstenir.
À tous nos abonnés et lecteurs, une belle année 2009.
Bonne lecture ! NB
*Le XXIe siècle a commencé en janvier 2001. Le saviez-vous ?