Après Tsubaki, Hamaguri et Tsubame, Aki Shimazaki poursuit, avec ce quatrième roman, une uvre singulière et unique dans la littérature québécoise.
À nouveau, le lecteur retrouve, dans Wasurenagusa, certains des personnages déjà rencontrés dans les ouvrages précédents Mariko Kanazawa, son fils Yukio, le prêtre de l’orphelinat et plusieurs autres qui sont évoqués dans la trame du récit. Cette fois-ci, le roman est cependant centré sur l’histoire de Kenji Takahashi, le mari de Mariko.
Héritier d’une puissante et noble famille, Kenji, vraisemblablement stérile, épouse Mariko en secondes noces et adopte son fils naturel, brisant ainsi les relations avec ses parents qui refusent de donner leur accord à ce mariage. Des années plus tard, après la mort de ses parents, il découvrira à son tour la puissance insidieuse et inconcevable de la tradition, plus forte que la vérité, qui a pesé sur sa propre famille.
Dans de petits bouquins d’une centaine de pages à peine, Aki Shimazaki trace le portrait incisif de la société traditionnelle japonaise du vingtième siècle à travers les drames d’individus liés les uns aux autres à leur insu. Tragédie collective et tragédie individuelle s’entremêlent dans un univers stigmatisé par le secret, le poids de la honte et de l’orgueil, dans une société où perdre la face s’avère le comble du déshonneur. Avec une même économie du mot, Aki Shimazaki propose ici encore et d’un livre à l’autre une uvre universelle d’une richesse remarquable.