Italie, 1980, un été politiquement torride avec explosions historiques meurtrières. Au milieu de touristes dont l’ignorance et l’ingénuité font sourire, de voyageurs affectés de surdose artistique dite syndrome de Stendhal et d’aimables citoyens, Québécois et Toscans croisent la route de Jean-François Beaulieu, l’aidant à ouvrir ou à refermer d’importants chapitres de sa vie.
En tête de liste, nimbé de son auréole et de ses quelque 700 années, un personnage de la superbe Maestà de Duccio di Buoninsegna (1308) l’attend à Sienne. « Un ange détonnait sur le côté gauche du tableau, avec sa peau foncée, son regard perdu ailleurs et son expression triste. » Le troisième ange à gauche protégeait-il le généticien lorsque, coincé dans un train après sa fuite d’un congrès scientifique, l’homme échappe à l’attentat de la gare de Bologne ? Ce sera ainsi tout au long du roman, le hasard guidera bien les pas du héros.
Les alentours moyenâgeux de Sienne – et son endiablé Palio – servent de décor à la quête identitaire et familiale du jeune Montréalais. On connaît plus vilain paysage pour situer les allers et retours de Jean-François Beaulieu qui virevolte de son père mort à sa maîtresse italienne inconnue, qui hésite entre sa copine Nicole désirant un enfant et la belle Nathalie ne le courtisant que pour mieux le laisser tomber.
Louis Lefebvre maîtrise l’art de la description, affiche une certaine érudition faite pour plaire et a le sens du récit. Sa connaissance géopolitique de l’Italie des années 1980 se marie bien avec son analyse de la faillite référendaire québécoise. « Lui et ses amis s’étaient tous mis à déprimer après le 20 mai. » Sur fond scientifique et avec quelques accents de thriller, le quatrième roman du professeur de biologie à l’Université McGill mettra en joie les amoureux des arts et de l’Italie. Un livre frais et intelligent qui donne le goût de voyager.